La fin du support de Windows 10 stimule la croissance des ventes d'ordinateurs Apple :les utilisateurs achètent des Mac plutôt que des PC équipés d'IA, malgré la promotion par Microsoft des PC Copilot+.
La décision de Microsoft de tourner définitivement la page de Windows 10 est en train de produire un effet collatéral inattendu : un regain spectaculaire d’intérêt pour les Mac. Selon les analyses, la fin du support de Windows 10 en octobre 2025 agit comme un électrochoc sur les consommateurs et les entreprises, qui se ruent vers les machines d’Apple plutôt que vers les nouveaux « PC Copilot+ » vantés par Redmond.
La perspective de devoir migrer vers Windows 11 — ou pire, vers les modèles Copilot+ axés sur l’intelligence artificielle — suscite méfiance et lassitude. Pour beaucoup, cette transition forcée évoque une double peine : l’obsolescence prématurée de leur matériel et l’imposition d’une couche d’IA qu’ils n’ont ni demandée ni comprise. Le résultat ? Une envolée des ventes de Mac.
Depuis le printemps 2024, Microsoft tente un rebranding de l’écosystème Windows autour de ses « AI PCs ». Les ordinateurs Copilot+ équipés de NPU (neural processing units) et de fonctions intégrées comme Recall ou Windows Studio Effects devaient symboliser la nouvelle ère du PC intelligent.
Mais la réception est tiède. Les promesses d’automatisation ne suffisent pas à compenser les inquiétudes : la collecte de données personnelles, la dépendance à l’IA locale et cloud, ou encore la compatibilité limitée des anciens logiciels freinent l’adoption. Là où Microsoft pensait accélérer un cycle de renouvellement massif du parc, elle a surtout ravivé le sentiment de contrainte technologique.
En parallèle, les exigences matérielles de Windows 11 — notamment la nécessité d’une puce TPM 2.0 — continuent d’exclure une large partie des PC fonctionnels, jugés « trop vieux » pour évoluer. Ce contexte nourrit la frustration et pousse les utilisateurs à chercher des alternatives perçues comme plus pérennes.
Un problème d’image plus profond : l’IA imposée, le cloud suspect
L’image de Windows souffre d’un paradoxe. Historiquement, Microsoft symbolisait la liberté d’usage, la compatibilité et la modularité. Mais à mesure que ses produits se recentrent sur l’intelligence artificielle, le cloud et les abonnements, cette promesse s’effrite. L’intégration massive de Copilot dans Office, Edge, et Windows lui-même renforce l’impression que l’utilisateur n’est plus au centre du système, mais plutôt un maillon d’un réseau d’entraînement de données.
Cette méfiance rejoint une tendance sociétale plus large : la résistance à la « sur-IA ». Les scandales de confidentialité, les hallucinations des modèles et la montée des coûts énergétiques de l’IA alimentent une défiance croissante. Dans ce contexte, Apple parvient à capitaliser sur son discours de sobriété numérique et de confidentialité, transformant ses limites techniques en arguments marketing.
Les entreprises revoient leur stratégie informatique
Dans le monde professionnel, le mouvement est tout aussi visible. Plusieurs analystes notent une augmentation significative des commandes de Mac dans les grandes entreprises, notamment celles qui avaient retardé leur migration vers Windows 11. Le coût du renouvellement complet du parc — combiné aux incertitudes sur les performances et la sécurité de Copilot+ — pousse certains DSI à franchir le Rubicon vers macOS ou Linux.
Apple bénéficie aussi du phénomène BYOD (Bring Your Own Device) : de plus en plus d’employés utilisent leurs propres Mac pour des tâches professionnelles, contournant ainsi la rigidité des politiques Windows d’entreprise. Ce glissement progressif pourrait à terme fragiliser la domination de Microsoft sur le poste de travail, surtout dans les environnements créatifs, médias et startups technologiques.
Le pari risqué de Microsoft : miser tout sur l’IA
L’arrêt de Windows 10 et la bascule vers les PC Copilot+ s’inscrivent dans une stratégie cohérente sur le papier : faire de Windows la première plateforme d’informatique augmentée par IA. Mais cette stratégie, orientée long terme, risque d’ignorer une vérité fondamentale du marché : la plupart des utilisateurs n’ont pas demandé cette révolution.
Microsoft parie sur un futur où chaque clic, chaque recherche, chaque document sera « assisté ». Or, une partie croissante du public — surtout après les scandales de données et les promesses déçues de l’IA générative — souhaite précisément l’inverse : un système simple, stable, et prévisible.
C’est ici qu’Apple marque des points. Sans renier l’IA, elle l’enveloppe d’un discours de contrôle et de confiance. Et pendant que Microsoft tente d’éduquer un marché réticent, Apple se contente d’en accueillir les déçus.
L'évolution du marché
Microsoft a mis fin au support de Windows 10 le 14 octobre dernier, mettant ainsi fin à son règne en tant que l'un des systèmes d'exploitation les plus populaires pour PC après près d'une décennie. Cela s'est produit environ un an et demi après l'introduction des PC Copilot+, et si certains fabricants de PC Windows ont réussi à augmenter leurs ventes au troisième trimestre de cette année, Apple semble être l'un des grands gagnants, marchant vers la fin de l'ère Windows 10. Selon Counterpoint Research, Lenovo est le grand gagnant, avec une augmentation de 17,4 % des ventes au troisième trimestre 2025, mais les ventes de Mac d'Apple ont également bondi de 14,9 % en glissement annuel.
Cela représente un énorme coup de pouce pour l'entreprise, avec des marques comme Asus (+14 %) et HP (+10 %) qui ont également vendu plus d'unités. De manière peut-être surprenante, Dell a vendu moins d'unités, avec une baisse de 0,9 % des ventes de l'entreprise, tandis que tous les autres fabricants de PC ont vendu en moyenne 3 % d'unités en moins. Malgré cela, le marché global des PC a connu une croissance de 8,1 % en glissement annuel, principalement due à la nécessité de mettre à niveau le matériel pour le rendre compatible avec Windows 11 et de stocker des stocks supplémentaires afin de se prémunir contre les droits de douane exceptionnellement élevés imposés par le président Donald Trump.
Malgré l'incertitude liée aux droits de douane et à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, le taux de croissance de Lenovo a été très élevé, surtout par rapport à ses concurrents. Cependant, Apple occupe la deuxième place surprenante du classement, avec une augmentation impressionnante de 14,9 % de ses expéditions en glissement annuel.
Cela signifie qu'un nombre important d'utilisateurs achètent des Mac et des MacBook plutôt que d'autres ordinateurs portables Windows, d'autant plus que certains appareils qui semblent suffisamment performants pour Windows 11 ne peuvent pas l'installer en raison de l'absence d'une puce TPM 2.0. Les droits de douane sont un autre facteur à l'origine de cette augmentation des expéditions, les entreprises faisant des stocks d'ordinateurs et d'autres composants afin de pouvoir les mettre à disposition rapidement.
Il est intéressant de noter que malgré tout le marketing, le PC IA n'a pas encore décollé plus d'un an après son introduction, depuis le projet initial jusqu'à la table à dessin. C'était la situation il y a plus d'un an, lorsque les gens ne choisissaient pas un PC IA pour ses fonctionnalités IA, mais plutôt un modèle doté des composants adaptés à leurs besoins (comme plus de RAM ou une plus grande capacité de stockage). En fait, Intel augmente les prix de ses puces Raptor Lake en raison de la demande croissante pour cet oiseau.
Pourtant, Counterpoint estime que les livraisons de PC équipés d'IA augmenteront dans l'ensemble du secteur en 2025, notamment avec l'arrivée prochaine du Snapdragon X2 Elite de Qualcomm et le développement de l'architecture graphique Xe3 d'Intel. « Le rebond du marché des PC en 2025 ne se résume pas au remplacement des systèmes obsolètes ; il s'agit de se préparer pour l'avenir », a déclaré David Naranjo, associé chez Counterpoint. « De nombreuses entreprises choisissent des PC compatibles avec l'IA pour pérenniser leur parc informatique, même si elles n'ont pas encore besoin de ces capacités dans l'immédiat. Le prochain cycle de renouvellement sera défini par l'intelligence à la périphérie, et pas seulement par des améliorations en termes de performances. »
Apple a trop promis sur l'IA Siri et son personnel n'est pas content
Les récents développements autour de l’intelligence artificielle (IA) intégrée dans les produits Apple, notamment Siri, soulèvent des questions sur la capacité de l’entreprise à tenir ses promesses en matière d’innovation technologique. Alors qu’Apple avait mis en avant des fonctionnalités d’IA avancées comme un argument clé pour ses nouveaux produits, le retard dans leur déploiement a non seulement impacté la confiance des investisseurs, mais aussi le moral de l’équipe en charge de Siri. Selon des rapports internes, le directeur de la division Siri, Robby Walker, a reconnu l’échec de l’équipe à respecter les délais, qualifiant la situation de « moche » et admettant que les employés se sentaient frustrés et embarrassés. Ce sentiment est d’autant plus exacerbé par le fait que les campagnes marketing d’Apple avaient déjà mis en avant des fonctionnalités qui ne sont toujours pas disponibles, créant un décalage entre les attentes des utilisateurs et la réalité.
Pour renforcer ses équipes en IA, Apple a récemment recruté Samy Bengio, un éminent chercheur qui travaillait auparavant chez Google. Bengio, ancien scientifique distingué de Google, rejoint une liste croissante d’experts en IA recrutés par Apple ces dernières années. Il devrait diriger une nouvelle unité de recherche sur l’IA sous la direction de John Giannandrea, vice-président senior de l’apprentissage automatique et de la stratégie d’IA chez Apple. Giannandrea, qui a lui-même quitté Google en 2018, apporte une expertise précieuse pour accélérer les développements dans ce domaine. Ce recrutement intervient dans un contexte où Google a récemment licencié deux chercheurs en IA, Margaret Mitchell et Timnit Gebru, connus pour leurs travaux sur l’éthique de l’IA et leurs critiques concernant la diversité et les pratiques de recherche chez Google.
Apple utilise déjà l’apprentissage automatique dans plusieurs de ses produits, notamment pour améliorer la qualité des photos sur l’iPhone, suggérer du contenu ou des applications pertinentes, optimiser les fonctions de recherche intelligente, ou encore faciliter l’utilisation de l’accessoire Pencil sur iPad. Ces applications, bien qu’utiles, restent limitées comparées aux ambitions affichées par Apple en matière d’IA.
Dans cette optique, Apple a récemment dévoilé MGIE (Machine Generated Image Enhancer), un modèle d’IA conçu pour révolutionner l’édition d’images. Présenté lors de la Conférence Internationale sur les Représentations d’Apprentissage 2024, MGIE permet aux utilisateurs de modifier des images en utilisant des instructions en langage naturel. Cette technologie repose sur des modèles de langage multimodaux à grande échelle (MLLM), qui fusionnent texte, images et vidéos pour générer des résultats précis et intuitifs. MGIE promet une expérience utilisateur fluide, en permettant des retouches complexes sans nécessiter de compétences techniques avancées. Cette innovation marque une étape importante dans l’intégration de l’IA dans la manipulation de contenu visuel, renforçant la position d’Apple en tant que leader technologique.
Source : CounterPoint
Et vous ?
Qu'est-ce qui pourrait, selon vous, expliquer le regain d'intérêt pour les Mac d'Apple ?
Était-il réellement nécessaire de forcer une migration aussi brutale vers Windows 11 et les Copilot+ PCs ?
En tant qu'utilisateurs, voulez-vous vraiment de l’intelligence artificielle partout, tout le temps ?
La stratégie Copilot+ relève-t-elle d’une innovation réelle ou d’un marketing de survie pour relancer les ventes de PC ?
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