Windows 11 Pro requiert une connexion à Internet et un compte Microsoft pour entamer le processus d’installation
La décision de l’entreprise concernait jusqu’ici Windows 11 Home uniquement et Windows 11 Pro en était exempté. Changement de direction au premier trimestre de l’année 2022 : Windows 11 Pro requiert une connexion à Internet et un compte Microsoft pour entamer le processus initial d’installation. Les utilisateurs avaient trouvé une mesure de contournement que Microsoft a bloquée, d’après de récents rapports.
La création obligatoire d’un compte Microsoft n’est qu’une redite. Cela s’était déjà vu lors de la publication de Windows 10 May 2019 Update : un processus d’installation conditionné à la création d’un compte Microsoft puis la possibilité de créer un compte local. Enfin, le carrefour du choix pour l’utilisateur puisque Microsoft avait précisé que « si un tiers ne veut pas faire usage d’un compte Microsoft, il peut procéder à sa suppression après l’installation ».
Un compte local requiert de fournir un nom d’utilisateur et, accessoirement, un mot de passe afin de commencer à utiliser son dispositif compatible avec Windows 10 même en étant hors ligne. Ce type de compte est meilleur pour la confidentialité puisqu’il évite, par exemple, de transmettre l’ensemble des données relatives à sa vie et à ses activités en ligne vers des serveurs d’une entreprise. Cependant, il est spécifique à un seul appareil et offre moins de garanties, notamment sur le plan de la sécurité, qu’un compte en ligne qui ouvre l’accès à des services supplémentaires synchronisés, comme le stockage dans le cloud OneDrive et les applications Office sur le web.
Dans la pratique, la plupart des appareils dont on fait usage au quotidien nécessitent de passer par une certaine étape d’authentification pour accéder à la totalité des services. Les Mac d’Apple permettent la création d’un compte local lors du processus d’installation. Si le système d’exploitation Android requiert de posséder une connexion à Internet pour l’activation, l’accès à l’écran d’accueil en est exempté. Même Chrome OS dispose d’un mode invité sur lequel on peut s’appuyer pour permettre une navigation de base sans compte d’utilisateur. Windows se démarque de l’ensemble des systèmes d’exploitation grand public depuis quelques années déjà en nécessitant une connexion Internet et la création d’un compte Microsoft pour le démarrage de la procédure d’installation.
Des choix de Microsoft qui confirment la prise de position de la FSF qui estime que Windows 11 prive les utilisateurs de leur liberté et de leur autonomie numérique en raison des exigences matérielles strictes du nouvel OS
Dans un billet de blogue publié le 5 octobre 2021 (date de sortie officielle de Windows 11) par Greg Farough, le responsable des campagnes de la FSF, l'organisation affirme que Windows 11 est une régression en ce qui concerne les libertés numériques. « Le 5 octobre est sorti Windows 11, un système qui a longtemps refusé aux utilisateurs la liberté et l'autonomie numérique, et cette nouvelle version ne fait rien pour y remédier. Si Microsoft a lancé un certain nombre de slogans vagues et inspirants sur la communauté et la solidarité, Windows 11 constitue un grand pas dans la mauvaise direction en ce qui concerne la liberté des utilisateurs », a écrit Farough.
« Il n'est plus approprié de l'appeler un ordinateur personnel lorsqu'il est plus soumis à Microsoft qu'à l'utilisateur », a-t-il fait remarquer. Farough a déclaré que le fait que Windows 11 obligera désormais l'utilisateur à créer un compte Microsoft qui donnera au géant de Redmond "la possibilité de corréler le comportement de l'utilisateur avec son identité personnelle". « Même ceux qui pensent qu'ils n'ont rien à cacher devraient se méfier de partager potentiellement toute leur activité informatique avec n'importe quelle entreprise, et encore moins avec une entreprise dont le siège social est situé dans un autre pays », a ajouté le cadre de la FSF.
Farough a décrit la décision de Microsoft de ne pas permettre aux PC plus anciens d'exécuter Windows 11 comme une tentative de forcer l’utilisation du TPM (Trusted Platform Module). Notons que Microsoft soutient depuis l'annonce de Windows 11 en juin que l'exigence du TPM 2.0 est primordiale pour bénéficier pleinement de la sécurité renforcée que le nouveau système d'exploitation apporte aux utilisateurs. « Ce [TPM] est légèrement trompeur, car lorsqu'il est déployé par une société de logiciels propriétaires, sa relation avec l'utilisateur n'est pas fondée sur la confiance, mais sur la trahison », a affirmé Farough dans son message.
« Lorsqu'il est entièrement contrôlé par l'utilisateur, le TPM peut être un moyen utile de renforcer le chiffrement et la vie privée des utilisateurs, mais lorsqu'il est entre les mains de Microsoft, nous ne sommes pas optimistes », a-t-il poursuivi. Selon les propos du responsable des campagnes de la FSF, l'organisation s'attend à ce que Microsoft utilise son contrôle plus strict de la cryptographie dans Windows 11 pour imposer un DRM (Digital rights management gestion des droits numériques) plus sévère sur les médias et les applications afin de s'assurer qu'aucune application ne peut fonctionner sans l'approbation de Microsoft.
Il a ajouté qu'au lieu de DRM, la FSF parle dans ce cas de « gestion des restrictions numériques ». Pour illustrer ces propos, Farough fait la remarque suivante à propos des applications propriétaires de Microsoft intégrées à Windows : « Microsoft a choisi de placer son application de vidéoconférence Teams - qui n'est pas l'application la plus appréciée au monde, puisque même les utilisateurs de Windows optent généralement pour une alternative plus populaire (bien que profondément problématique) comme Zoom - à un endroit central et irritant et l'a aussi intégrée étroitement à la manière dont Windows gère les contacts personnels ».
L’intérêt pour Linux va croissant dans ce contexte de plaintes contre Windows 11
Les données de Statcounter pour le mois de février 2024 ont montré que Linux a dépassé, pour la première fois en 30 ans, 4 % de parts sur le marché mondial des systèmes d'exploitation pour bureau. Linux était présent sur 6,34 % des ordinateurs le mois dernier si l'on compte ChromeOS. La mise à jour du mois de juillet 2024 révèle que la part de Linux sur les ordinateurs de bureau est désormais à 4,45 %, ce qui est le meilleur résultat qu'il a jamais obtenu, si l’on s’en tient aux données de Statcounter. Cela suggère que l'utilisation de Linux sur les ordinateurs de bureau est en hausse.
Les choses semblent bouger plus rapidement pour Linux ces dernières années. Statcounter a attribué une part de marché de 4,03 % à Linux en février et 4,05 % en mars, soit un petit gain de 0,02 %. L'intérêt pour Linux s'est quelque peu accru ces derniers temps. Pour l’illustrer, le passage de 3 à 4 % de parts a été réalisé en 8 mois seulement, alors qu'il avait fallu plus de 30 ans pour atteindre une part de plus de 3 %. L'évolution de la part de marché de Linux sur le bureau depuis le mois de janvier 2023 se présente comme suit : janvier 2023 : 2,91 % ; février 2023 : 2,94 % ; mars 2023 : 2,85 % ; avril 2023 : 2,83 % ; mai 2023 : 2,7 % ; juin 2023 : 3,07 % ; juillet 2023 : 3,12 % ; août 2023 : 3,18 % ; septembre 2023 : 3,02 % ; octobre 2023 : 2,92 % ; novembre 2023 : 3,22 % ; décembre 2023 : 3,82 % ; janvier 2024 : 3,77 % ; février 2024 : 4,03 % ; mars 2024 : 4,05 %.
Source : Statcounter
Et vous ?
Partagez-vous le sentiment de privation d’autonomie numérique mis en avant par les autres utilisateurs de Windows 11 ? Quels sont les aspects du fonctionnement de Windows 11 qui vous poussent à l’extérioriser ?
Partagez-vous les avis selon lesquels le regain d’intérêt pour Linux est lié aux hésitations des utilisateurs de Windows 10 qui cherchent des alternatives à Windows 11 ?
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